';
side-area-logo

Cybernétique et société, l’usage humain des êtres humains de Norbert Wiener

Cybernétique et société, l’usage humain des êtres humains de Norbert Wiener

Dans « Cybernétique et société », Wiener développe une nouvelle théorie des messages et de la régulation par l’information et propose une présentation de la cybernétique orientée vers ses conséquences humaines, sociales et politiques.

Norbert Wiener Couverture livre cybernétique et société

Résumé du livre Cybernétique et société, l’usage humain des êtres humains de Norbert Wiener

« La thèse de ce livre est que la société ne peut être comprise que par une étude des messages et des dispositifs de communication qu’elle contient. » Dans cet ouvrage classique et visionnaire, il s’agit, à travers une comparaison entre sociétés humaines et réseaux artificiels, de souligner la valeur de l’être humain et la richesse de son langage, toujours précaires face aux intérêts et pouvoirs technocratiques qui cherchent à les instrumentaliser, les contrôler, et finalement les dénaturer. Au-delà des enjeux stratégiques de la communication dans la vie sociale, Wiener propose de réinventer un humanisme bousculé par la capacité des machines à remplir des fonctions qui étaient jusqu’alors considérées comme réservées aux humains.

A propos de l’auteur Norbert Wiener

Norbert Wiener (1894-1964), mathématicien américain, est l’un des pères des théories de l’information, des communications et de l’automatique. Il a popularisé sa vision unifiée de ces domaines et de leur implication scientifique et philosophique sous le nom de « cybernétique ».

Table des matières de Cybernétique et société, l’usage humain des êtres humains de Norbert Wiener

Cybernétique et société au XXIe siècle
Introduction. – Le hasard est une notion scientifique
Chapitre I. – La cybernétique à travers l’histoire
Chapitre II. – Progrès et entropie
Chapitre III. – Rigidité et apprentissage : deux modèles de communication
Chapitre IV. – Le mécanisme et l’histoire du langage
Chapitre V. L’organisation comme message
Chapitre VI. – Droit et communication
Chapitre VII. – Communication, secret et politique sociale
Chapitre VIII. – Rôle de l’inttelectuel et du savant
Chapitre IX. – Première et seconde révolutions industrielles
Chapitre X. – Quelques machines de communication et leur avenir
Chapitre XI. Langage, confusion et brouillage
Notes

Caractéristiques de Cybernétique et société, l’usage humain des êtres humains de Norbert Wiener



Nombre de pages

226



Langue

Française



Année de publication

1950 (version originale)



Éditeur

Points



ISBN

978-2757-842782

Mon avis sur l’ouvrage Cybernétique et société, l’usage humain des êtres humains de Norbert Wiener

Norbert Wiener a été professeur au MIT et contributeur des conférences MACY dont l’objectif était d’édifier une science générale du fonctionnement de l’esprit. Ces conférences furent notamment à l’origine du courant cybernétique, des sciences cognitives et des sciences de l’information.

Wiener est d’ailleurs considéré comme l’inventeur de la cybernétique, notamment grâce à son apport sur le concept de boucle de rétroaction. 

J’ai souhaité découvrir un peu plus le cadre théorique dans lequel Wiener développe son concept de cybernétique, qui est très souvent cité à côté d’autres cadres théoriques phare, comme celui de Claude Shannon et Warren Weaver (Théorie Mathématique de l’Information qui est développé un an plus tôt) ou celui de l’École de Palo Alto qui s’inspirera notamment du courant de la cybernétique.

Pour Wiener, la cybernétique est un champ qui englobe l’étude du langage, l’étude des messages en tant que moyens de contrôle sur les machines et la société, le développement des machines et à calculer et autre appareils automatisés analogues, certaines considérations sur la psychologie et le système nerveux. Cette définition pourrait aujourd’hui correspondre à ce que l’on nomme l’automatique enseigné dans certains cursus d’ingénierie. 


Acheter le livre:

Et soutenir le blog

Norbert Wiener Couverture livre cybernétique et société

Pour Wiener, la cybernétique est un champ qui englobe l’étude du langage, l’étude des messages en tant que moyens de contrôle sur les machines et la société, le développement des machines et à calculer et autre appareils automatisés analogues, certaines considérations sur la psychologie et le système nerveux. Cette définition pourrait aujourd’hui correspondre à ce que l’on nomme l’automatique enseigné dans certains cursus d’ingénierie. 

Dans le concept de rétroaction développé par Wiener, un système à la capacité d’évoluer de lui-même grâce à la circulation de l’information (au sens d’un flux de donnée d’un point à un autre à travers un canal de communication) en son sein. Il devient ainsi possible de s’abstraire de la nécessite d’une prédiction correcte dans la mesure ou si le système s’écarte de notre objectif (en cas de mauvaise prédiction par exemple), la boucle permettra de réduire l’écart entre la mauvaise prédiction et l’objectif.

Au delà du cadre général de sa vision, Wiener développe dans Cybersécurité et société les concepts d’entropie, une tendance naturelle au désordre et qui constitue la face « négative » de l’information, et de communication régulée par des rétroactions, comme le langage, dans une perspective rapprochant les systèmes vivants (humains, animaux, sociaux) aux machines. 

Pour aller plus loin dans l’analyse du cadre théorique de Wiener, je vous encourage à lire cette excellente analyse de Nathalie Pinède, pour qui Wiener aura été dans les années 1950 et 1960 un inlassable passeur de sa nouvelle science, fruit d’une époque et de multiples rencontres, dont celles que N. Wiener faisait à l’occasion de ses déambulations pédestres sur le campus du MIT. La cybernétique, dans sa version mathématique ou sa version philosophico-sociale n’aura cessé au fil du temps d’être source d’inspiration, de façon plus ou moins forte. Dans l’ouvrage de Fred Turner (2012 pour la traduction française), est judicieusement mis en évidence le rôle majeur qu’a joué la cybernétique dans la contre-culture numérique des années 1960, sous l’impulsion notamment de Steward Brand, pour devenir ensuite la cyberculture émergeant dans les années 1990.

Extraits et concepts du livre de Cybernétique et société, l’usage humain des êtres humains de Norbert Wiener

Les origines du mot cybernétique

Jusqu’à une date récente, il n’existait pas de mot pour désigner ce complexe d’idées, et afin de désigner le champ tout entier par un terme unique, je me suis vu dans l’obligation d’en inventer un. D’où le mot « cybernétique » que j’ai fait dériver du mot grec kubernetes, ou « pilote », le même mot grecs dont nous faisons en fin de compte notre mot « Gouverneur ». Par ailleurs, j’ai trouvé par la suite que ce mot avait été déjà employé par Ampère en référence à la science politique, et qu’il avait été introduit dans un autre contexte par un savant polonais, cet emploi dans les deux cas, datant des premières années du XIXe siècle. (p.47)

Vers une théorie de la communication

La thèse de ce livre est que la société ne peut être comprise que par une étude des messages et des dispositifs de communication qu’elle contient ; et que, dans le développement futur de ces messages et de ce dispositifs, les messages entre l’homme et les machines, entre les machines et l’homme, et entre la machine et la machine sont appelés à jouer un rôle sans cesse croissant. (p.48)

Notre univers touché par l’entropie

Dans un système en déséquilibre ou au sein d’une partie d’un tel système l’entropie ne s’accroit pas nécessairement. En fait, elle peut décroitre localement. Ce déséquilibre autour de nous est peut-être une étape dans une course qui mènera fatalement à l’équilibre. Tôt ou tard, nous mourrons, et il est hautement probable que l’univers autour de nous mourra dans l’embrasement et l’incandescence ; le monde sera alors dans un vaste équilibre de température dans lequel aucun événement nouveau ne pourra se produire. Il n’y aura rien d’autre qu’une grise uniformité, et ne pourront survenir que de fluctuations locales, mineures, et sans intérêt. (p.62)

La vie humaine, un accident temporaire heureux

De même, on peut concevoir que la vie appartient à une période de temps limitée, qu’elle n’a pas existé avant les premières périodes géologiques et qu’il peut fort bien arriver un temps où la terre redeviendra une planète inerte, dont toute la vie aura été anéantie par le feu ou par le froid. Pour ceux qui connaissent l’étendue extrêmement étroite des conditions physiques dans lesquelles les réactions chimiques nécessaires à la vie peuvent se produire, il est évident que l’accident heureux qui permet la continuation de la vie sur cette terre, sous quelque forme que ce soit, et sans restreindre à l’homme le sens de ce terme, doit obligatoirement arriver à une fin complète et désastreuse… Nous pouvons pourtant réussir à édifier nos valeurs de telle façon que ces accidents temporaires que sont la vie et la vie humaine soient considérés comme des valeurs positives souverainement importantes en dépit de leur caractère fugitif. (p.72)


Acheter le livre:

Et soutenir le blog

Norbert Wiener Couverture livre cybernétique et société

Les rétroactions sociales dans les communautés humaines

Cette question de rétroactions sociales est en sociologie et en anthropologie d’un très grand intérêt. Les modèles de communication des communautés humaines sont des plus variés. Il y a des communautés comme celles des Esquimaux, dans lesquelles ne paraissent exister ni fonction de chef de clan, ni beaucoup de liens de subordination entre individus, de sorte que le fondement de la communauté est simplement le désir commun de survivre dans des conditions de climat et de recherche de nourriture effroyables. Il a des communautés ayant une très grande stratification sociale, comme en Inde, dans lesquelles les rapports de communication entre individus sont étroitement limités et modifiés par des situations ancestrales. Il y a des communautés gouvernées par des despotes, dans lesquelles toute relation entre deux sujets est subordonnée au rapport entre le sujet et le roi. Il y a des communautés hiérarchiques féodales fondées sur les rapports du suzerain avec le vassal, ce qui implique des techniques très particulières de communication entre individus. (p.81)

De la rétroaction simple à l’apprentissage

Comme je l’ai dit, la rétroaction est la commande d’un système au moyen de la réintroduction, dans ce système, des résultats de son action. Si ces résultats ne sont utilisés que comme données numériques pour l’examen et le réglage du système, nous obtenons la rétroaction simple que connaissent bien les automaticiens. Si, par contre, l’information portant sur l’action effectuée est capable de modifier la méthode générale et le modèle de celle-ci, nous disposons d’un processus que l’on peut bien nommer apprentissage. (p.92)

Les machines, extension des possibilités humaines.

Le lecteur peut s’étonner ici que nous incluions les machines parmi les êtres doués du langage – mais que nous refusions cette qualité presque totalement aux fourmis. Et pourtant, lorsque nous concevons des machines, il nous est normal (et utile) que nous leur donnions certains caractères humains que l’on ne trouve pas chez les membres inférieurs de la société animale. Aussi le lecteur peut-il considérer qu’il s’agit simplement d’une extension des possibilités humaines au moyen d’une machine ; mais le lecteur doit aussi avoir conscience que ces machines peuvent continuer de fonctionner en dehors de toute présence humaine. (p.106)

Exploiter chaque faille de l’esprit humain

Je veux bien admettre l’hypothèse de Shannon, selon laquelle une telle machine jouerait des parties dignes d’un bon amateur et même d’un maître. Son jeu serait raide et peu intéressant mais bien plus sûr que celui d’aucun être humain. Comme le remarque Shannon, on peut inclure dans son fonctionnement assez d’éléments de chance pour empêcher une défaite constante et purement systématique, par une suite de jeux donnée et fixe. Cette chance ou cette incertitude peut rentrer dans l’évaluation des positions finales après deux coups.

Cette machine jouerait des gambits et peut-être des finales comme un joueur humain, selon le répertoire classique des gambits et des finales. Une meilleure machine conserverait en mémoire chaque partie déjà jouée et compléterait les processus que nous avons déjà indiqués par une recherche relative à toutes les parties jouées, pour découvrir un coup adéquat, agissant, en somme, par la puissance de l’apprentissage. Bien que les machines puissent être capables d’apprendre, la technique de la construction et de l’utilisation de ces machines est encore très imparfaite. Si l’application des principes de l’apprentissage à la construction d’une machine à jouer aux échecs pose encore des problèmes actuellement irrésolus, un proche avenir en apportera probablement la solution. (p.203)

L’article Cybernétique et société, l’usage humain des êtres humains de Norbert Wiener est apparu en premier sur Clement Donzel.

Brother92800c